Guy FOCANT

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Paru en 2020 :

Le silence de la mémoire. Vivre dans l'ombre d'Alzheimer

 

Démarche photographique

Voici de quoi surprendre : un recueil photographique pour approcher la vie et l’accueil des personnes âgées désorientées ou atteintes de la maladie d’Alzheimer, dans leur quotidien, avec leur entourage proche.

Cette maladie, bien connue du grand public, suscite la crainte et le sujet reste relativement tabou tant il est sensible et difficile à vivre pour le patient et pour sa famille.  L’aborder par le biais de l’image peut permettre à chacun d’y poser librement son regard, ses émotions, d’y relier son vécu, ou peut-être de libérer la parole sur le sujet.

Le sensationnalisme, les images fortes ou dérangeantes, ne sont pas de mise.  Ces photographies se veulent un simple témoignage, discret et attentif, du quotidien de ces personnes et de leurs proches en souffrance aux côtés du personnel soignant et accompagnant.

Mais la démarche ne va cependant pas de soi, car elle nous renvoie tous à nos propres questionnements sur la vie, la fin de vie, la maladie, la mort.  Pour les familles, épauler un être cher atteint de cette désorientation progressive est déjà une épreuve.  Accepter qu'un photographe la fige sur papier - et la diffuse - est une autre étape.  Les proches sont-ils prêts à recevoir cette réalité soudain imprimée sous leurs yeux ? Souvent, j'ai entendu cette réflexion bien légitime : "Maman n'aurait pas aimé qu'on la voit comme cela" ou  "Je ne souhaite pas montrer cette image de Papa". Nous sommes réellement dans l'intime.

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Ce travail s'est donc bien sûr réalisé avec l'accord et la collaboration des personnes photographiées et, dans ce cas-ci évidemment, de leur famille.  Dans cet esprit, un partage régulier autour des images produites m'a aidé à trouver le bon équilibre indispensable à ce type de projet. Le respect des personnes, de leur dignité et du droit à l'image a ici tout son sens.  Suite à ces échanges, de nombreux intervenants et familles ont donné leur accord pour l'utilisation et la diffusion du reportage.

 

Cette démarche, j'ai tenté de l'effectuer en douceur pour ne pas brusquer ou mettre mal à l'aise qui que ce soit par des photos qui pourraient être dérangeantes ou dévalorisantes sans, pour autant éluder la réalité. Cela prend du temps et permet en outre de trouver « le ton juste ».  Pendant près de deux ans, j'ai partagé de nombreux moments avec les patients, les familles et l'équipe d'un "Cantou", petite structure d'hébergement spécialement adaptée aux personnes âgées désorientées. C'était le temps nécessaire pour appréhender le sujet, se fondre dans le lieu et être accepté comme témoin du quotidien.

 

« Une image vaut mille mots », dit le sage. Peut-être celles-ci permettront-elles d’ouvrir la discussion, de créer un dialogue et une ouverture vers l’autre dans un partage d’émotions qui permettront alors aux mots d’apaiser, tant que possible, une souffrance toujours difficile à partager.

 

Guy Focant